• L'Ombre des Gladiateurs - Partie 7

    L'Ombre des Gladiateurs - Partie 7

     

    -           Arrêtez de courir, les enfants ! gronda la femme en étendant son linge dans son jardin.

    Sourds aux protestations de leur mère, les trois gamins continuèrent de se poursuivre en braillant. Ils passèrent en trombe sous les vêtements humides et en décrochèrent par accident. Un drap tomba sur le dernier et le plus petit d’entre eux. La petite fille se prit les pieds dedans et s’écroula aux pieds de sa mère qui était rouge de fureur.

    -           Erina ! ragea-t-elle les poings sur les hanches. Je venais juste de laver le linge !

    -           Maman ! appela son deuxième enfant en courant vers elle. Y a des soldats dans la maison !

    -           Quoi… ?

    La femme abandonna ses enfants dans le jardin et pénétra dans la maison par la porte de derrière. Au début elle ne remarqua rien, puis un bruit de vaisselle qui se brise lui apprit qu’il y avait bel et bien des visiteurs dans sa cuisine.

    Sans vraiment savoir pourquoi, elle sentait que quelque chose clochait. Son mari aurait du entendre ces hommes entrer et pourtant il n’était pas venu l’avertir, elle. En passant dans le salon à pas de loup, elle s’empara du tisonnier près de la cheminée, prête. Elle arriva dans le couloir, juste avant la cuisine d’où s’élevaient des voix, quand elle fit une éclaboussure vermeille sur le mur. Son sang se glaça dans ses veines. Une voix rocailleuse la fit se coller contre le mur, le cœur sur le point de sortir de sa poitrine.

    -         On le met où ?

    -           T’as qu’à le jeter dehors et le faire cramer, répondit une seconde voix, plus basse et beaucoup plus sévère que la première.

    -         Comme vous voulez chef.

    Un bruit mat, puis celui d’un corps que l’on déplace. La femme se colla d’avantage contre le mur, terrifiée à l’idée de savoir ce qui se passait à l’intérieur. Un homme grogna sous l’effort et une épaule percuta le mur derrière lequel était cachée la femme. Un soldat apparut alors portant dans chaque main les pieds d’un corps inerte. A cette vue, la femme retint un cri de douleur. Le second soldat fit son entrée dans le champ de vision de la femme écroulée contre le mur et elle put enfin voir l’entièreté du cadavre de son mari. Elle ne put retenir un gémissement et glissa au sol, accablée de chagrin. Mais qui était donc ces hommes ?! Le premier soldat la vit et se stoppa net. Il fit un signe de tête à son chef encore dans la cuisine et sans l’avoir entendu se déplacer, il vint se poster aux pieds de la femme en pleure.

    Le visage de l’homme était sévère et une grimace de dégout semblait perpétuellement affichée. Il contempla la veuve, qui, au comble de l’horreur, tentait désespérément de ne pas s’évanouir.

    -           Foutez l’homme dehors et occupez-vous de la femme, dit le chef sans la quitter des yeux.

    -           Mais chef, celle-là n’a rien fait, contesta l’un des soldats, les sourcils froncés.

    -           Non. Mais une veuve ne rapporte rien à la cité. Tuez les, elle et ses enfants.

    Les deux soldats échangèrent un regard et se précipitèrent de se débarrasser du corps du mari pour revenir dans le couloir, où la femme n’avait pas esquissé un geste.

    -           S’il vous plait, gémit-elle. S’il vous plait, pas mes enfants. Tout, mais pas mes enfants.

    -           Elle a peut-être raison, chef, nan ? demanda l’un des soldats. On peut garder les p’tits et les mettre à l’entrainement pour les gladiateurs des prochaine. Dans cinq ou six ans ils pourront se battre.

    -           Non. Je m’en fiche des recrues. Leur père nous a fait résistance, la mère et les enfants le feront aussi, tôt ou tard. Autant se faciliter les choses.

    -           Non… dit la mère en pleure, une main tendue vers le chef. Non, pas mes enfants, mes enfants…

    -           On a besoin de votre maison, expliqua le chef. Pour les jeux de Gladiateurs. Votre belle ville d’Artena va accueillir la première étape et ta maison a été sélectionnée pour être le refuge. Le maître des jeux a aimé qu’elle soit entourée par la forêt, il veut la prendre.

    -           Pourquoi nous tuer ? demanda-t-elle.

    -           Ton mari n’était pas d’accord pour qu’on vous prenne votre baraque. Et comme on ne veut pas que tu venges sa mort, et tes enfants la tienne, on va tous vous tuer. Personne ne souffre.

    -           Non ! hurla la mère en se jetant contre le chef.

    Mais il fut plus rapide qu’elle et il lui trancha la gorge avant qu’elle n’émette un bruit de plus. Son corps inerte s’écroula au sol et une flaque brune s’étalait autour de sa tête, comme un halo. Le chef essuya sa lame sur la robe de la femme et rengaina. Puis, sans regarder ses hommes, il leur dit :

    -         Mettez là avec son mari, puis occupez-vous des mômes. Brulez-les tous.

    -           Pourquoi vous ne les tueriez pas vous-même chef ? hasarda l’un en portant la femme par les aisselles.

    -           Ils ne valent pas la peine que je salisse de nouveau ma lame, répondit-il après un temps d’hésitation. Faites vite ! ajouta-il en se dirigeant vers la sortie. J’en ai marre de cette ville. Retournons au plus vite à Rome.

    Les soldats empilèrent le cadavre de la mère sur celui du père puis, tout en échangeant un regard un peu peiné, dégainèrent leurs épées et se dirigèrent vers les trois enfants qui fixaient leurs parents morts du fond de la cour. Aussitôt les lames vues, ils se mirent à courir pour échapper aux soldats

    -         Erina, cours ! hurla un garçon à sa petite sœur sans s’arrêter de courir.

    -         Elias ! cria la petite en tendant ses petits bras vers son frère.

    -           Dépêches toi ! lui ordonna le deuxième garçon en se retournant pour la regarder, la panique faisant briller ses yeux.

     

    Mais la petite ne pouvait pas aller plus vite. Elle vit un garde lui passer devant, pourchassant ses frères, puis un bras puissant la souleva de terre en lui tirant la tête en arrière. La dernière image qu’elle emporta avec elle fut Elias, une tâche rouge s’épanouissant sur sa poitrine, allongé sur le sol et les yeux grands ouvert et son autre frère, une épée en travers de la gorge. Enfin, une douleur atroce dans son ventre, et ses mains de bébés se fermèrent dans une ultime tentative d’attraper ses frères, désormais loin d’elle. Puis plus rien.


  • Commentaires

    1
    Vendredi 8 Août 2014 à 15:58

    Oooh ;-; Pauvres enfants sniff. Hate de lire la suite !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :