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L'Ombre des Gladiateurs - Partie 5
Un choc fit se réveiller Cass en sursaut. Elle avait le sentiment que l’on venait de lui planter un marteau dans le crâne. Un second bruit la fit se retourner vers la porte de la cellule. Celle-ci était ouverte et un garde agitait une matraque de fer.
- Allez, debout ! Les autres sont déjà dehors, feignasse !
Elle regarda autour d’elle et vit qu’en effet elle était la seule encore dans le couloir et les cellules étaient toutes vides. Elle se leva maladroitement, encore empêtrée dans la fatigue, mais elle n’allait de toute évidence pas assez vite pour le garde car celui-ci la prit par le bras et la tira hors de la cellule. Elle se cogna contre le mur mais elle n’eut pas le loisir de reprendre ses esprits car le garde la poussait vers les escaliers, la matraque pointée sur sa nuque. Elle gravit les marches et ses yeux furent aveuglés par la lumière du soleil en arrivant tout en haut. Sa main se porta en visière mais elle dut attendre plusieurs secondes avant de retrouver pleinement la vue.
- Avance ! lui ordonna le garde en faisant pression de sa matraque.
Cass se tourna vers lui mais il était déjà parti et son armure disparaissait derrière une porte. Elle se retourna et ce qu’elle vit l’immobilisa.
Elle se trouvait dans une véritable arène de gladiateurs. Tout autour d’elle, montaient une dizaine d’étages de gradins. Le premier rang se trouvait à environ trois mètres du sol et cet espace était occupé par un mur dans lequel l’on pouvait voir des portes en fer. Cass comprit qu’elle venait de sortir par l’une d’elle. Mais ce qui la frappa vraiment n’était pas l’arène à proprement parler, mais les hommes qui l’occupaient à ce moment là.
Il devait y avoir ici un peu plus d’une centaine d’hommes à l’entrainement. Certains étaient aussi petits qu’elle mais d’autres avoisinaient les deux mètres ! En avançant vers le centre de l’arène, elle en vit un asséner un coup de masse sur le bouclier d’un autre avec la violence d’un bulldozer ! Inconsciemment, ses pas l’écartèrent de lui et elle se dirigeait vers le stand de glaive lorsqu’elle entendit quelqu’un hurler.
- Cass, baisse-toi !
Ce qu’elle fit ensuite releva de l’instinct. Elle entendit un sifflement aiguë et avant même de l’avoir vu elle se jeta au sol juste à temps car le boulet passa au dessus de sa tête et alla s’écraser deux mètres plus loin. Quand elle se releva, elle avait un gout de poussière et de sable dans la bouche. Les hommes autour d’elle la regardaient amusés pour certains, et étonnés pour d’autres. Elle allait leur dire de s’occuper de leurs affaires quand on lui tira l’épaule en arrière.
- J’ai bien cru que tu allais de le prendre en pleine tête, dit Turquoise un sourire stressé aux lèvres.
- D’où venait-il ? demanda Cass en cherchant un canon.
- De Taureau, répondit la blonde en désignant le garçon derrière elle, dans un coin de l’arène. On s’entrainait avec Hadès quand il a proposé de nous aider.
- Il l’a envoyé avec la seule force de ses bras ? demanda-t-elle incrédule pendant que Turquoise l’entraînait avec elle vers les deux jeunes gens.
- Impressionnant hein ? dit-elle en lui coulant un regard amusé.
Cass opina du chef. Cet homme était un véritable animal.
- Alors c’est toi que j’ai failli tuer, dit posément Taureau quand elle fut arrivée devant lui.
- Oui.
- Je ne te visais pas, si ça peut te rassurer.
- Non ça ne me rassure pas vraiment, répondit Cass en posant sa main sur un boulet posé sur la table. Si tu vises aussi mal que ça tu risques de te faire mal…
- Tu es arrivée au mauvais moment, dit Taureau en croisant ses gros bras.
- Vous aurez tout le temps de vous taper dessus les enfants, intervint Hadès en se mettant entre les deux. Mais pas maintenant. Là on s’entraîne. Alors toi, Cass, tu vas chercher un glaive et tu vas taper sur Turquoise pendant que moi je vais éviter les boulets de Taureau. Comprit ?
- Oui, lui répondirent les trois en même temps.
- Mais cette fois fait attention à ne pas te mettre dans ma ligne de mire Cass, dit Taureau en souriant.
- Vise un peu mieux et on en reparlera, répondit-elle en allant chercher un glaive.
Devant le stand de lame, trois hommes semblaient se disputer. Quand Cass s’empara de son arme, ils tournèrent aussitôt leur tête vers elle et s’échangèrent des regards amusés. La jeune femme préféra ne pas faire attention à eux et agrandis ses enjambées pour retourner au plus vite vers ses camarades. Mais la main qui tira brutalement ses cheveux en arrière la fit tomber à terre et elle en perdit son glaive.
Une puissante poigne la fit se mettre allongée sur le dos et elle avait beau ruer, rien n’y faisait. L’homme qui la surplombait était beaucoup trop lourd. Son agresseur lui fit écarter les jambes de force. Elle parvint à lui résister un moment, mais un coup de poing dans la mâchoire lui fit perdre ses chances de s’en tirer. Il commençait à y avoir un attroupement autour d’eux et Cass n’y voyait ni Turquoise, ni Hadès et encore moins Taureau.
Elle sentait le goût du sang sur sa langue et l’homme au dessus d’elle s’installa entre ses cuisses. D’une main il lui maintenait les bras au dessus de la tête, tandis que de l’autre il essayait de lui retirer son pantalon. Elle savait que crier ne servait à rien ici. Elle ne parvenait pas à bouger sous le corps de l’homme et ce dernier avait déjà réussi à lui délassé sa ceinture.
Un regard alentour lui confirma ce qu’elle craignait. Si personne ne faisait rien pour l’aider, il y allait avoir un viol de masse.
- Laisse-toi faire salope, dit l’homme essoufflé en introduisant sa main dans le pantalon de la jeune femme. Ça ira plus vite comme ça.
- Casse-toi, connard ! dit-elle en se cabrant pour le désarçonner.
- J’aime les femmes à fort caractère, répondit-il, les yeux noircis par le désir qui montait.
Le cercle de spectateur commençait à se resserrer autour d’elle et elle en voyait qui avait une bosse dans le pantalon. Son agresseur finit par arriver à lui déboutonner ses bas et il essaya d’y glisser un doigt mais la jeune femme se débattit tant et si bien qu’il abandonna l’idée. Il commençait cependant à la déshabiller et ses mains tremblaient d’excitation ce qui rendaient ses geste plus maladroit, d’autant plus que Cass ne cessait de gesticuler.
La jeune femme fut soudainement folle de fureur. Mais avant qu’elle ne puisse lui donner un coup de boule, l’homme se retrouva propulsé à un mètre d’elle, un boulet de canon enfoncé dans son visage et le cerveau éclaté sur le sol de l’arène.
La jeune femme se rhabilla avec hâte et se redressa en défiant du regard quiconque l’approcherait. Les hommes ne riaient plus cependant. L’état dans lequel le boulet avec mit leur ami les avait un tant soit peu refroidi. Elle passa devant le cadavre sans le regarder et fendit la foule de ses coudes. Personne ne l’arrêta et elle rejoint aussi vite qu’elle le pu ses trois camarades qui l’attendaient, le teint pâle et la bouche ouverte.
- Merci, dit-elle en arrivant devant Taureau.
- Je t’avais bien dit que je visais correctement, répondit celui-ci avec un sourire sous lequel on percevait une pointe de soulagement. Ça va, toi ?
- Je viens de me faire presque violer devant une centaine d’hommes, ça pourrait toujours être mieux.
- Tu n’avais vraiment jamais vu d’homme nu, alors, dit Turquoise blême.
- Nan, répondit Cass en passant une main sur le bas de son ventre. Tu veux bien m’accompagner jusqu’à la fontaine, Hadès ? J’ai besoin de me rafraichir…
- On n’a pas le temps pour ça, intervint alors Taureau en fixant un point dans les gradins. Y a Flagius qui débarque.
En effet, le maître de l’arène descendait les marches des gradins et rejoignait les combattants au centre de l’arène en leur faisant signe de se rassembler.
Le groupe alla rejoindre le reste des gladiateurs, mais ils restèrent cependant à l’écart. Cass vit que Taureau s’était placé entre elle et les filles et le reste des hommes. Comme pour leur faire un rempart.
Flagius était arrivé à hauteur des premiers quand il remarqua le cadavre à la tête éclatée.
- C’est quoi, ça ? demanda-t-il sévèrement.
- Le Taureau lui a éclaté la gueule avec un boulet ! répondit un homme en scrutant la réaction de jeune homme.
Mais Taureau ne flancha pas. Au contraire, il regardait le maitre de l’arène droit dans les yeux pour lui montrer qu’il ne le regrettait pas.
- Je ne veux même pas savoir pourquoi, répondit le maître. Vous deux ! Débarrassez m’en et que ça saute !
Les deux désignés portèrent le corps jusqu’à une fosse et le jetèrent à l’intérieur. Mais au moment où la tête heurta le bord, celle-ci se décrocha du reste du corps et roula presqu’un mètre sur le sable avant de s’arrêter. Cass du retenir une envie de vomir. Taureau et les filles, eux, semblaient pourtant parfaitement à l’aise.
- Bien ! entama Flagius dans le silence qui s’était imposé dans l’arène. J’ai des nouvelles pour vous, bande de bouseux. Pour cette année de réouverture, comme vous le savez, les règles ont changé par rapport à celles de l’Antiquité. Je ne suis pas disposé à vous en dire plus, malheureusement. Tout ce que je suis autorisé à vous divulguer et qu’il va falloir faire quatre équipe de quatre gladiateurs. Pour les débiles, ça fait seize ! Ce qui veut dire que pour la plupart d’entre vous vous devrez prendre votre mal en patience encore une année ! Je vais procéder au tirage au sort des quatre chefs d’équipes, qui à leur tout choisiront leur trois alliés. Je n’ai pas grand-chose à vous conseiller, à part peut-être de rester en vie. Vous en saurez plus le jour du lancement des jeux.
Flagius se dirigea alors vers une boîte posée à côté des glaives et en tira quatre morceaux de papier.
- Arahir, Björn, Taureau et Carl ! cria-t-il.
Quand le nom de Taureau fut prononcé, un frisson général parcouru l’assemblée. Tous savaient de quoi il était capable à présent, et tous espéraient ne pas être appelés dans les équipes adverses. Les filles échangèrent un regard effrayé.
Taureau traversa la foule sans difficulté et alla rejoindre les trois autres chefs d’équipe. Des quatre, il était le plus grand et le plus fort.
- Et bien, et bien, dit Flagius en regardant les quatre hommes. Ça va être serré. Vous disposez maintenant de dix minutes pour réfléchir sur qui seront vos alliés et priez pour que ceux que vous voulez ne soient pas convoités par les chefs d’équipes avant vous.
Les nominés scrutèrent la foule à la recherche de potentiels frères d’armes. Tous sauf Taureau. Lui, il fixait Cass et quand la lumière se fit dans l’esprit de la jeune fille, il sourit.
- Je n’ai pas besoin de réfléchir, maître, dit-il d’une voix forte.
- Tu attendras ton tour ! vociféra Flagius.
- Non. Je doute que ceux que je souhaite prendre avec moi soient très convoités, répondit-il en dardant son regard sur les filles à l’arrière du groupe. Je veux les femmes.
Un silence accueilli la nouvelle. Certains regardaient le jeune homme comme s’il était devenu fou. Même Flagius sembla désemparé. Il avait la bouche ouverte et fixait Taureau, comme s’il s’attendait à le voir rire de sa bonne blague. Mais le jeune homme resta de marbre et ne quittait pas les femmes du regard.
- Les femmes ? Les trois ? demanda finalement le maître.
- Oui.
- Très bien…
Flagius regarda les jeunes femmes d’un air abasourdi.
- Tu en es sûr ? demanda-t-il. Elles ne sont pas très…
- Je veux les femmes ! le coupa-t-il sèchement en jetant sur lui un regard meurtrier.
Le maître de l’arène retint un commentaire et tendit finalement un bras exaspéré en direction de Cass et des deux autres filles.
- Venez, leur dit-il d’un air maussade. Tu viens de tout gâcher, Taureau. Tu aurais pu avoir une bien meilleure équipe.
- Non. Je sais ce que je veux, répondit-il.
Les filles franchirent la distance qui les séparaient de lui, le torse bombé. Elles n’allaient pas se laisser insulter ainsi. Mais le moins les autres en sauront sur elles, le mieux cela sera pendant les jeux. Elles vinrent aux côté de Taureau et Cass vit Hadès parcourir l’assemblée du regard avec un regard moqueur. La jeune femme était impressionnée par ses collègues féminines. Jamais elle-même ne pourrait avoir cette assurance, et encore moins ne pas flancher devant la barbarie. Elle était plutôt intellectuelle et perverse. Les coups bas elle s’y connaissait. Les coups qui ne salissent pas. Mais décapiter un homme par la seule force de ses bras…
Flagius vint alors se poster devant les quatre chefs.
- Je vais le demander pour la forme, mais est-ce que les deux chefs d’équipes précédant Taureau souhaitaient prendre l’une de ces donzelles ? Dans quel cas, tu devras leur céder jeune homme.
- Pour les baiser, ouais, répondit Arahir avec un sourire goguenard.
Sa remarque fut accueillie par une explosion de rire appréciateurs, et Flagius même sourit. Taureau quant à lui, serraient les poings et Cass voyaient bien qu’il se retenait d’envoyer un uppercut dans la mâchoire du plus proche.
- La chose est donc faite ! s’exclama Flagius.
Il sortit une broche dorée de sa poche sur laquelle était gravée une lettre que Cass n’eut le temps de voir. Flagius s’approcha alors de Taureau et la lui accrocha sur le torse en évitant soigneusement son regard.
- Bienvenue dans les jeux, équipe Oméga.
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